Tout le monde peut se lancer dans un voyage à vélo sans entraînement, à condition d'avoir un peu de temps et la possibilité de faire des étapes.
Vous lancer dans un voyage à vélo, vous y pensez ? Parce qu’il n’est pas toujours simple d’organiser son voyage à vélo et de se préparer, j’ai interviewé les blogueurs du blog Un Monde à Vélo (une interview à retrouver ici en version complète). Ce blog est tenu par Denni et Mila, qui ont fait du voyage à vélo leur passion (et même, en partie, leur profession !). Ambassadeurs de la #Teamsansvoiture depuis (quasiment) sa création, ils ont accepté de répondre à toutes mes questions pour vous permettre de débuter dans voyage à vélo comme un pro 🙂
Tout ce qui compte c’est d’avoir un vélo. Quand on prépare un projet, on a tendance à vouloir tout avoir, tout préparer. En réalité, on trouve souvent tout ce qu’il faut sur la route, ce qui manque, on le récupère. Tout ce qui compte, c’est de se lancer. Chacun a ses besoins, et ça, on le découvre que sur la route. Bien sûr, il faut un peu de préparation avant, mais l’essentiel se passe pendant le voyage. Il n’y a pas de manuel, qui corresponde à tout le monde, chacun va voir le voyage à vélo à sa façon.
Ce n’est pas grave si on est pas parfait au début, au contraire. Le corps s’adapte très vite, même quand on est pas entraîné. Il faut surtout penser à prévoir des étapes sur l’itinéraire pour pouvoir faire des pauses si on débute, mais au fur et à mesure, le corps va suivre. Après, bien sûr, si on a envie de faire des records ou qu’on a pas beaucoup de temps pour faire de longs trajets, c’est autre chose.

Comment choisir sa destination pour voyager à vélo ? Quels sont les meilleurs itinéraires vélo selon vous ?

Quand on débute, c’est bien de faire attention aux dénivelés car on peut être surpris. Ça a été notre cas en Bretagne, on pensait que c’était plutôt plat et finalement, ça montait bien ! N’hésitez-pas à choisir des itinéraires vélo plutôt faciles pour débuter comme la Vélodyssée, la Voie Bleue, la V30 de la Vallée de Somme qui se font sans problème. Comme ça, on voit aussi si ça nous plaît ce genre de voyage, c’est plat, c’est beau, et il y a tout ce qu’il faut pour le voyage à proximité des itinéraires.
La première année, on avait pour objectif de passer dans toutes les capitales européennes. Sauf qu’au bout de quelques semaines, on s’est rendus compte que c’était compliqué de rentrer et sortir de ville à chaque fois.
Aujourd’hui, on aime faire des itinéraires vélo plus difficiles. Par exemple, on a bien aimé suivre l’Eurovélo 3 en Norvège qui n’est pas très connu. On a aimé ne pas croiser grand monde. Et pour nos voyages, maintenant, on ne se prend plus trop la tête, on fait beaucoup à l’improviste.
Quelles sont les meilleures applications vélo ?
On utilise l’application Komoot car elle va donner un aperçu fiable de la randonnée, avec une option pour choisir le voyage à vélo sans prendre de grandes routes. Ca donne aussi des pourcentages sur le dénivelé, les pentes, c’est très détaillé et fiable pour organiser son voyage. On peut aussi utiliser Strava et Maps.me pour télécharger toutes ses cartes hors ligne. Et en plus, ça permet parfois de trouver de bons spots sympas.
On utilisait beaucoup WarmShowers, et c’est très pratique. On l’utilise souvent lorsqu’on a besoin de voir des gens, car c’est souvent des passionnés aussi de vélos. Mais en général, on évite parce que ça nous embête de devoir prévoir une date. Aussi, sur certaines véloroutes comme la Vélodyssée, ils sont harcelés l’été donc tu peux tenter, mais c’est compliqué. Et à l’inverse, si vous allez à Paris ou en ville, la plupart des cyclos ne vont pas trop en ville à vélo, donc vous aurez plus facilement de la place !
Par contre, nous déconseillons Google Maps qui n’est adapté pour le vélo. Il va vous emmener dans des endroits qui n’existent pas ou sur l’autoroute, ce n’est vraiment pas l’idéal 😉
Comment gérer les intempéries à vélo ? Quels équipements pour voyager à vélo ?
Forcément, ça va se jouer beaucoup sur l’équipement. La sacoche étanche, c’est un équipement indispensable pour faire du cyclotourisme. On était partis sans la première année, et on avait vraiment regretté. C’est plus cher, mais c’est bien mieux. On a aussi un poncho, le premier prix est à 10 euros et ça protège. C’est pas le plus agréable à porter, mais c’est efficace. Pour protéger les pieds mouillés, il faut aussi penser à avoir des protège-chaussures ou/et un pantalon de pluie avec des couvre-chaussures.
Il faut aussi penser à avoir quelques couches, avec quelques vêtements techniques. Rien que d’avoir un t-shirt technique sur vous, ça peut changer le voyage. On conseille plutôt des choses neutres, avec du Gore Tex, de la laine Mérinos, pour pouvoir les utiliser aussi bien pour rouler que pour aller manger au restaurant, ou faire une activité.

Sur notre premier tour d’Europe, on avait aussi des chaînes de rechange, des rayons… mais au fur et à mesure, on s’est rendus compte que c’était pas totalement essentiel. Il vaut mieux se concentrer sur du matériel d’entretien, comme de l’huile, des chambres à air, des tournevis adaptés…
De notre côté, comme on est flexible et qu’on ne réserve pas à l’avance, on regarde beaucoup la météo. Si le temps est pourri, on en profite pour faire une pause. Même si on a l’équipement, c’est moins marrant de voyager quand il pleut donc si on peut, on évite. Et si l’orage arrive alors qu’on roule, on cherche un abri ou on continue si vraiment, on a pas le choix.
Le seul souci de temps qui nous pose problème, c’est lorsqu’il neige parce qu’il faut vraiment du matériel spécial.
Comment protéger son vélo quand on fait du bivouac ? Et de manière générale, comment éviter de se faire voler son vélo ?
Déjà, pour le bivouac, souvent tu es en pleine nature. Donc on est relativement tranquilles et bien cachés, il y a peu de risques de se faire voler. Parfois, on laisse les vélos un peu juste « comme ça ». Mais quand on sent qu’il y a plus de risque, on met déjà notre gros cadenas, et surtout on met une bâche sur les vélos. Comme ça, si quelqu’un vient pendant la nuit, enlever la bâche va faire du bruit. Certaines personnes accrochent aussi leur vélo à la tente. Au final, le bruit est vraiment un élément dissuasif pour empêcher la plupart des personnes d’aller au bout de leur idée.
Pour le vol, plus en général, on voyage avec beaucoup d’objets de valeur au niveau du matériel. Même si ça nous permet de vivre, c’est un gros poids moral car tu ne peux jamais lâcher ton vélo. C’est un des inconvénients quand tu voyages à vélo avec de la valeur, on ne peut pas laisser le vélo pour faire une randonnée quelques heures sur l’itinéraire.

En ville, on monte même souvent les vélos dans notre chambre pour éviter tout risque. On a déjà vu des gens démonter leurs sacoches et les mettre dans un caddie pour faire les courses, ou d’autres tout laisser un peu en mode « YOLO ». On a aussi déjà rencontré un voyageur qui s’était fait voler toutes ses sacoches en s’endormant à côté pendant la nuit sur la plage.
A notre connaissance, il existe quelques assurances pour assurer son vélo lors d’un voyage à vélo, mais elles sont souvent valables seulement en France. Parfois en Europe, mais difficilement à l’international. Il y a une offre large qui peut varier, donc il est important de bien se renseigner selon ses besoins. On a notamment trouvé une assurance chez Chapka qui te rembourse jusqu’à 2000 euros de matériel électronique (ce qui n’est pas énorme quand on a du matos, et ils ne remboursent pas tout). La priorité finalement, c’est plutôt l’assurance santé.
Quelles sont les difficultés pour emmener son vélo en train ou en avion ?

On a eu peu d’expériences en avion, car on évite l’avion de toute manière. On a du le démonter à l’aéroport, dégonfler. On a pas du tout apprécié, car un des deux cartons était arrivé ouvert. On a pas compris pourquoi, car tout était dedans.
Pour transporter son vélo en train, c’est compliqué parfois aussi. Le pire ça a été le train de nuit Saint-jacques de Compostelle / Barcelone. Ils avaient dit qu’il y aurait juste à tourner le guidon et enlever les pédales, mais sur place, ils ont voulu tout tout tout démonter. On a du payer quelqu’un pour le démonter, et ils ont défoncé le vélo, on a pas su le remonter. En plus, on avait un changement de train, et ça a été compliqué au niveau timing.
Parfois, il n’y a pas non plus de place pour tout le monde. C’est toujours mieux de voyager en semaine, on s’en sort pas mal en général. N’hésitez-pas à consulter notre dossier . Avec le vélo, ça reste quand même toujours assez stressant pour nous, car on ne sait pas toujours à quoi s’attendre.
Quelles différences entre un voyage à vélo en France et en Europe ? Quels sont les pays que vous recommandez ?

On avait bien aimé l’Autriche, on ne s’ennuie pas et il y a de beaux panoramas. On a bien sûr adoré la Norvège parce que c’est super beau, et les voitures sont très respectueuses. Même s’il y a un virage, ils attendent bien de voir ce qu’on fait avant de dépasser, ils gardent de bonnes distances, on a jamais eu peur. La Serbie aussi est top, il y a plein de vélos partout. Par contre, ils dépassent de loin, mais très vite.
A éviter aussi la Croatie, surtout la route côtière. C’est une route magnifique, mais elle est aussi très touristique. Il y a beaucoup de camions qui dépassent sans aucun respect, des voitures qui roulent vite… C’est vraiment un très mauvais souvenir pour nous. Il vaut mieux prendre un itinéraire dans les terres, les gens sont plus accueillants, et l’arrière-pays est magnifique. Mais le ravitaillement peut être compliqué, il faut faire un peu de stock.
De manière générale, on trouve qu’on voyage bien à vélo en France ! Il y a tout ce qu’il faut, beaucoup d’itinéraires et de petites routes. Dans tout l’Ouest de l’Europe aussi, en Espagne, en Allemagne…
Pour finir, est-ce que vous vivez de vos voyages ? Comment les financez-vous ?
Avant de partir il y a trois ans, à l’époque, on avait prévu de partir 3 ans en tour du monde. On avait donc beaucoup économisé. Nos plans ont changé, on est jamais partis faire notre tour du monde parce qu’au bout de 6 mois en Europe, on s’est rendus compte que c’était pas notre truc. On aime bien partir au long cours, mais au bout de quelques mois, on a envie de rentrer. Donc on est rentrés plusieurs fois, on a bossé plusieurs fois en freelance, donc ça a permis de beaucoup s’appuyer sur nos économies.
Aujourd’hui, on ne vit pas de nos voyages, mais on vend beaucoup de photos qui nous permettent de vivre. Notre blog nous apporte un petit revenu niveau affiliation. Régulièrement, on travaille aussi avec des offices de tourisme sur des missions rémunérées, qui nous permettent aussi de découvrir des belles choses qu’on aurait pas pensé à voir.
Les infos à retenir

- Le conseil #Teamsansvoiture : Tout le monde peut voyager à vélo, quel que soit le niveau, si on peut prévoir des pauses et adapter les distances. Pour gérer les intempéries à vélo, il faut surtout s’équiper avec quelques basiques : sacoches imperméables, ponchos, protège-pieds…
- Les applications #Teamsansvoiture : Komoot et Warm Showers
- Le blog à voir : Cet interview a été réalisé avec la participation des blogueurs vélo Un Monde à Vélo. Toutes les photos sont leur propriété, elles ne sont pas libres de droit.